Livraison gratuite à partir de 100$ Livraison à un point de cueillette gratuit à partir de 25$ à - km de chez vous. X

Blogue

Publié depuis 2 ans

Le prix des aliments est à la hausse. Que faire?

Par: Jonathan Bélanger

Pourquoi le prix des aliments augmente-t-il et quelles sont les solutions pour limiter cette augmentation?

Si vous êtes comme moi, vous n’avez certainement pas vu une telle flambée des prix des aliments depuis longtemps et peut-être même jamais pour les plus jeunes. Dans cet article, je donne mon opinion personnelle qui repose sur des faits et données empiriques. J’essaie d’identifier les facteurs clés qui jouent un rôle d’importance dans l’inflation des prix des aliments et les solutions qui pourraient aider à garder les prix le plus bas possible.

Les intrants
Saviez-vous que les grandes cultures comme le blé, le maïs, le sucre, le soya et le canola se transigent sur les marchés mondiaux tout comme c’est le cas pour le pétrole et le gaz naturel? Leur prix est donc fixé selon l’offre et la demande mondiale qui fluctuent selon les récoltes. L’abondance de celles-ci dépend de facteurs comme la production totale et la météo. Par exemple, la sécheresse diminue le rendement des récoltes et donc réduit l’offre. D'ailleurs, 2021 a été une année de chaleur et de sécheresse un peu partout dans le monde, ce qui a causé une baisse de la production des récoltes.

Actuellement, ce qu’on constate c'est qu'à l'échelle mondiale, la demande est plus importante que l’offre et fait augmenter les prix des intrants. Par ailleurs, les stocks mondiaux de grandes cultures sont à leur plus bas niveau et cette situation dure depuis 2 ans déjà. 

À cela s’ajoute le prix du pétrole et du gaz naturel qui augmentent et qui ont un impact direct sur les prix des aliments et de leurs emballages. Par exemple, chez Maturin cette année, le prix des boîtes de carton a déjà augmenté de plus de 20%, tandis que l’augmentation pour le prix d’autres matériaux d’emballage contenant du plastique comme les pellicules isothermiques et les sacs de glace (ice pack) est d’environ 15%. 

La main d’oeuvre
Vous le savez probablement tous, il est actuellement difficile de trouver de la main d'œuvre. C’est probablement encore plus vrai si nous recherchons de la main d'œuvre directe, c’est-à-dire pour accomplir des tâches physiques. On dit qu’il manque plus de 7,000 travailleurs pour répondre aux besoins actuels de l’industrie de la transformation alimentaire, en excluant les producteurs, la restauration et le détail. Ça, ça fait beaucoup de monde.

Parlons de notre expérience chez Maturin. Je me souviens qu'en décembre dernier nous avions le besoin urgent de 2 manutentionnaires et je m’occupais moi-même du recrutement. J’ai reçu des candidatures et invité une vingtaine de candidats à venir nous rencontrer. Seulement 5 candidats se sont présentés. Chacun leur tour, je leur ai tous offert un emploi, sans exception! Aucun ne s’est présenté le lundi suivant pour son premier quart de travail. Aucun ne n’a même recontacté pour m’expliquer son absence ni n’a répondu au message laissé dans sa boîte vocale. Nous en étions rendus là : 0 sur 20. Nous avons dû revoir notre offre aux employés et revoir notre stratégie de recrutement. Avec un taux d’échec comme celui-là, c'était évident. Nous avons finalement recruté tout l’effectif nécessaire. J’en suis vraiment fier. Mais je dois vous dire que le coût de la main d'œuvre directe de 2021 a augmenté de 25% par rapport à 2020. C’est énorme pour une entreprise familiale comme la nôtre.

Au-delà de Maturin et de l'industrie alimentaire, le manque de main d'œuvre est généralisé dans toutes les industries. Ce qui impacte d’autres volets de notre travail et cause de la pression sur notre industrie et fait pression sur les prix des aliments. C’est le cas par exemple de l’industrie du transport, à cause du manque de camionneurs et de l’augmentation du prix de l’essence. Quand la hausse touche le transport, c’est ensuite tout le reste qui en écope. En définitive, la pénurie de main-d'œuvre cause des retards dans l’approvisionnement qui fait pression sur les ressources disponibles et fait augmenter le prix de vos aliments.

Les autres facteurs
Même si le coût des intrants et de la main d'œuvre sont selon moi les facteurs qui ont fait le plus pression sur l’inflation du prix des aliments, d’autres facteurs sont arrivés simultanément et ont amplifié les pressions sur les prix. 

De ceux-là, les mesures sanitaires sont probablement un facteur incontournable. Selon ma lecture du marché, le taux de productivité est diminué par ces mesures et fait pression sur les prix. Il faut savoir que le taux de productivité calcule le nombre d’extrants que nous pouvons fournir avec un nombre défini de ressources. Dans ce sens, les mesures sanitaires sont des coûts supplémentaires qui font en sorte qu’on est en mesure de moins produire avec le même nombre de ressources. La distanciation des travailleurs, le lavage supplémentaire et le télétravail sont autant d'exemples qui font pression sur les coûts de production. Chez Maturin, certains de nos fournisseurs chargent même un coût fixe appelé “frais Covid-19” sur chaque commande. On en est là! 

On peut aussi constater que certains ports ont été fermés suite à la Covid-19 et ça a eu un impact sur la chaîne d’approvisionnement engendrant par exemple une rupture de la disponibilité des containers maritimes. Finalement, je tiens à souligner que les récentes grèves ont eu elles aussi un impact sur le prix des aliments. On a juste à penser à la grève récente dans l’industrie de la volaille. Bref, pas grand chose en notre faveur!

Quelles sont les solutions pour réduire les augmentations du prix des aliments?

Maintenant, que pouvons-nous faire collectivement pour freiner ou même contrôler cette augmentation des prix des aliments?
Selon moi, l’achat d’aliment local directement des fermes et transformateurs du Québec est probablement la piste de solution la plus probante pour diminuer l’impact sur les prix à la consommation. 
Si on ne peut pas contrôler ce qui vient de l’extérieur, on peut contrôler ce qui se passe à l’intérieur, ici chez-nous. 

Plus de rentabilité, donc plus de productivité
Tout d’abord, pour offrir des produits à prix compétitifs, on doit améliorer la productivité. Des mesures telles que l’agriculture de précision, l'ensemensement en fonction de la demande future, l’acquisition de nouvelles technologies et de drones ou les cultures en serres (fermes verticales) permettent d’atteindre cet objectif. Lorsque les fermes et transformateurs d’ici font des ventes sans intermédiaires, ça leur permet entre-autres d’être plus rentables, et cela à chaque transaction. En étant plus rentables, elles ont plus d’argent disponible à investir en recherche et développement, en achat d’immobilisation et d’équipement et dans la formation des employés. Tout ça fait en sorte d’augmenter la productivité des fermes et des transformateurs alimentaires. On peut ainsi réduire la pression sur les coûts. Vous me direz qu’il faudra trouver de la main d'œuvre pour travailler et vous aurez raison, mais grâce aux progrès technologiques, à de meilleurs équipement et une formation accrue, chaque travailleur sera plus productif et les aliments produits seront donc moins chers.

Des économies d’échelle dans le transport
Ensuite viennent les économies d’échelle et le transport des aliments locaux. Comme j’aime bien le rappeler, à chaque fois qu’on achète une tomate du Mexique c’est une tomate de moins qui est produite ici près de chez-vous. Faites l’expérience des millions de fois, ce sont des millions de tomates de moins qui seront produites. En produisant moins, chaque produit unitaire est plus dispendieux à produire. C’est ce qu’on appelle les économies d’échelle. Vient maintenant le coût du transport. Au Québec, on dit que les camions sont remplis de 30% à 60% de capacité. C’est donc de dire que chaque transport coûte trop cher.  En produisant moins, chaque produit est non seulement plus dispendieux à produire mais ces petits lots font en sorte que le transport de la marchandise est plus coûteux pour chaque unité produite, ce qui augmente le prix de chaque produit. Vous voyez, c’est un cercle vicieux, mais en étant moins dépendants des intrants étrangers, je pense qu’on pourra mieux contrôler nos coûts.

En définitive, plus on consomme des aliments locaux issus de circuits courts en réduisant le nombre d’intermédiaires, plus, avec le temps, grâce à une plus grande rentabilité qui permet plus de productivité, à des économies d’échelle qui génèrent aussi des économies de coûts de transport, on arrive à réduire la pression de l’inflation sur le prix des aliments et ainsi le prix de notre panier d’épicerie.

Voilà ma perception des choses. Imaginez-vous que j'ai raison et qu’on ait plus de contrôle sur le prix des aliments en travaillant ensemble et en étant patient. Cela vaudrait-il la peine d’essayer de manger plus d’aliments locaux sans intermédiaire? Je vous laisse sur cette réflexion!

Jonathan, co-fondateur de Maturin

© 2016 - 2024. All rights reserved.